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Malgré le ralentissement annoncé des deux principaux marchés automobiles d’Amérique latine, les constructeurs gardent le pied sur l’accélérateur. Un oeil sur le rétro pour guetter les concurrents, l’autre sur les prévisions de marché, qui annoncent un nouveau doublement de la demande d’ici au tournant du siècle, ils donnent un coup d’accélérateur à tous leurs investissements, négligeant l’avertissement de la crise mexicaine.
Là-bas, sous le choc de la dévaluation du peso, le marché intérieur s’est effondré depuis janvier et les constructeurs, qui auparavant tablaient sur une poursuite du boom du secteur auto, vanté comme le fer de lance de l’économie mexicaine, ont vu leurs immatriculations chuter de 60 %. Sur l’ensemble de l’année, cependant, la baisse devrait se ralentir et atteindre 35 %. Mais déjà les investissements sont reportés, la production bloquée, les licenciements annoncés et les pertes programmées. Cet effet « tequila » vatil se propager à l’ensemble du continent ?
« Les contrecoups sont déjà sensibles au Brésil et en Argentine, les deux poids lourds du Mercosur, aux côtés du Paraguay et de l’Uruguay, mais ils ne devraient être que passagers. Et même au Mexique, tout le monde table sur un redémarrage du marché auto dès l’an prochain », assure un observateur à Buenos Aires.
« La tendance lourde est à la croissance, après la fameuse » décennie perdue » des années 80 qui a affecté l’ensemble de l’Amérique latine », estime pour sa part David Rio, patron de l’ensemble de la zone pour Automobiles Peugeot.
Alors qu’en Europe les groupes automobiles paraissent frileux tant ils sont sensibles à la moindre variation de leurs immatriculations, ils font preuve sur ces marchés émergents d’un volontarisme saisissant. Les immatriculations vont reculer cette année en Argentine sous l’effet de la crise de liquidités qui affecte le pays ?
Fiat, Ford et Renault annoncent des investissements cumulés de plus de 10 milliards de francs.
« Il faut avoir en tête que les ventes annuelles sont passées de 95.000 unités en 1990 à 495.000 l’an dernier », rappelle un conseiller du poste d’expansion économique de Buenos Aires.
Et Domingo Cavallo, le ministre de l’Economie, qui fait feu de tout bois pour empêcher le développement d’un effet « tango » dans son pays, assure que la mise en place prochaine d’une prime à la casse conçue sur le modèle des aides gouvernementales décidées en France et en Espagne « évitera même au marché automobile de plonger ».
Ce que peu d’observateurs veulent croire, même s’ils admettent que cette mesure pourrait freiner la baisse observée depuis plusieurs semaines.
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